Défiscalisation

Loi successorale du dispositif Pinel : quelles perspectives pour l’investissement immobilier ?

Les chiffres ne mentent pas : chaque année, des milliers d’héritiers découvrent que l’avantage fiscal du dispositif Pinel s’évapore au moment de la succession. La réduction d’impôt, qui avait séduit tant d’investisseurs, s’arrête brutalement avec le décès du propriétaire. En revanche, une donation en pleine propriété permet de transmettre le relais fiscal, à la seule condition que le bénéficiaire reprenne l’engagement locatif. Ce détail légal, souvent ignoré, pèse lourd sur la rentabilité finale, car il transforme radicalement le bilan attendu d’un investissement immobilier sous Pinel.

À quelques mois de la disparition officielle du Pinel, prévue pour la fin de 2024, la question se pose pour tous ceux qui ont misé sur ce mécanisme : comment protéger les fruits de leur investissement, et quelles stratégies peuvent encore sécuriser leur patrimoine face à la nouvelle donne du marché immobilier ?

Fin du dispositif Pinel : comprendre les enjeux pour les investisseurs immobiliers

Le dispositif Pinel, instauré en 2014, s’éteint au 31 décembre 2024. Ce coup d’arrêt n’est pas anodin pour le marché immobilier français, notamment dans les zones tendues où la demande de logements neufs à louer reste forte et la pression foncière, constante. À l’heure où le gouvernement français confirme qu’aucun dispositif de substitution directe n’est prévu pour remplacer le Pinel, l’incertitude s’installe.

L’abandon du Pinel dépasse largement la simple suppression d’un avantage fiscal. La Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) constate déjà une chute des ventes dans le neuf, tandis que la Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM) relaie les interrogations des professionnels. Agents immobiliers et promoteurs amorcent une reconversion rapide, bousculés dans leurs pratiques commerciales traditionnelles.

Pour bien situer les conséquences, voici les points clés à retenir :

  • Réduction d’impôt Pinel : jusqu’à 21 % de l’investissement étalés sur douze ans, sous réserve de louer le bien en zone éligible.
  • En 2025, aucune solution fiscale équivalente ne s’imposera automatiquement, bien que d’autres dispositifs existent (Denormandie, LMNP, Malraux, déficit foncier, nue-propriété…).
  • Le désengagement du Pinel risque de freiner la demande pour le logement neuf, avec un impact direct sur la valeur future des biens destinés à la location.

Dans ce contexte, les investisseurs sont appelés à revoir leur copie, en se penchant sur les alternatives disponibles et sur l’évolution des dynamiques de marché. La disparition du Pinel ne ferme pas la porte à l’investissement locatif, mais impose de nouvelles règles du jeu, où diversité et adaptation deviennent la norme.

Quels impacts concrets sur la transmission et la valorisation du patrimoine ?

L’arrêt du Pinel modifie profondément la façon dont les investisseurs envisagent la transmission de leur patrimoine immobilier. Sans levier fiscal dédié au neuf, l’heure est à la recherche de solutions plus flexibles. La nue-propriété s’impose souvent : acheter un bien en nue-propriété signifie profiter d’un prix réduit, ne pas gérer de locataire ni déclarer de revenu foncier pendant la durée du démembrement, et retrouver la pleine propriété en fin de période. Pour ceux qui préparent activement leur succession ou leur retraite, ce schéma allège la pression fiscale tout en assurant la continuité patrimoniale.

Autre stratégie qui monte : le déficit foncier. Ici, les propriétaires d’immeubles anciens peuvent déduire le montant des travaux de leurs loyers perçus, et même, dans une certaine limite (10 700 euros par an), de leur revenu global. Ce mécanisme séduit surtout les contribuables les plus imposés, qui voient là une façon de revaloriser leur patrimoine tout en prévoyant une transmission plus avantageuse pour leurs héritiers.

Pour mieux comparer les avantages successoraux et la valorisation des différents dispositifs, voici un tableau récapitulatif :

Dispositif Atout transmission Effet sur la valorisation
Nue-propriété Démembrement, sortie sans droits de succession sur l’usufruit Reprise pleine propriété, valorisation progressive
Déficit foncier Réduction de l’assiette taxable, transmission d’un bien rénové Patrimoine valorisé par la qualité du bâti
Loi Monuments Historiques Déductibilité totale des travaux, conservation du bien dans la famille Valorisation patrimoniale, prestige, rareté

La loi Malraux prolonge la liste des options, en autorisant une réduction d’impôt allant jusqu’à 30 % du montant des travaux réalisés sur des immeubles classés en secteur sauvegardé. Ce dispositif est particulièrement recherché pour transmettre un bien de caractère, tout en préservant sa valeur architecturale et son histoire familiale. Après Pinel, la diversification s’impose : chaque investisseur compose désormais entre fiscalité, gestion du patrimoine et projection sur la succession.

Bâtiment résidentiel avec clés et documents sur un banc en plein jour

Nue-propriété, SCPI et autres alternatives : quelles stratégies adopter après le Pinel ?

L’arrêt du dispositif Pinel redistribue les cartes sur l’ensemble du marché de l’investissement immobilier locatif. Devant la fin annoncée de la réduction d’impôt sur le neuf, de nombreux investisseurs se tournent vers des options souvent moins mises en avant, mais parfois plus solides sur le long terme.

La nue-propriété s’impose comme l’une des solutions les plus prisées. Acheter un bien en nue-propriété, c’est éviter toutes les contraintes de gestion locative et la fiscalité sur les loyers, tout en bénéficiant d’une décote sur le prix d’acquisition. Au terme du démembrement, l’investisseur retrouve la pleine propriété, dispose d’un bien potentiellement valorisé, et simplifie la transmission à ses proches. Cette stratégie attire particulièrement ceux qui planifient leur succession ou envisagent leur retraite avec méthode.

Les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) constituent une autre piste à explorer. Les SCPI de rendement permettent de diversifier son placement, de mutualiser les risques et d’accéder à des marchés immobiliers variés (tertiaire, résidentiel), tout en bénéficiant de revenus réguliers. Les SCPI fiscales (déficit foncier, Malraux, Monuments Historiques) offrent quant à elles des avantages ciblés, en particulier pour les biens anciens ou à restaurer.

Pour ceux qui souhaitent élargir leur palette, le dispositif Denormandie reste accessible jusqu’en 2027 : il permet de réduire ses impôts en rénovant des logements anciens situés dans les centres-villes. Le statut LMNP (Loueur Meublé Non Professionnel) continue d’attirer grâce à la possibilité d’amortir le bien et de bénéficier d’une gestion plus souple.

Le marché immobilier change de visage, s’ouvre à de nouvelles pratiques. Les investisseurs n’ont plus d’autre choix que d’arbitrer entre sécurité, rendement et optimisation successorale. La page Pinel se tourne, mais les stratégies patrimoniales, elles, se réinventent, parfois plus techniques, souvent plus adaptées à la réalité d’aujourd’hui. Le futur de l’investissement immobilier sera exigeant, mais il reste ouvert à ceux qui savent s’adapter.